Pourquoi vous devriez rémunérer votre photographe, même pour “quelques photos non retouchées”

On voit souvent passer sur les réseaux sociaux des annonces à l’attention de photographes réclamant “juste 2-3 photos non retouchées” en échange de visibilité, invitations ou autres goodies. Au-delà de la question morale de faire travailler quelqu’un bénévolement (vous iriez proposer à votre boulanger de parler de lui à vos amis contre une baguette de pain gratuite ?), il me semble utile de décortiquer concrètement les coûts d’un•e photographe et ainsi expliquer pourquoi même une grand•e passionné•e ne peut pas accepter de prestations gratuites.


Combien coûte un photographe ? 🏷️

La profession n’est pas réglementée, ce qui explique une grande variété de tarifs qui manquent parfois de transparence. Un•e photographe peut ainsi librement fixer ses prix, qui sont donc fonction de facteurs plus ou moins objectifs comme sa réputation, son niveau d’expérience, la difficulté de la mission, sa localisation… Deux photographes de mariage peuvent alors facturer respectivement 1000 et 3000€ pour une même prestation. Mais un élément est commun à tou•te•s les photographes et fait qu’ils•elles ne peuvent pas se permettre de travailler gratuitement : les coûts.

Time is money ⏱️ = 💰

Soyons clairs : la photographie a beau être un métier passionnant, le temps que le•la photographe passera gratuitement sur votre projet est par définition du temps en moins à consacrer à des opportunités rémunérées qui lui permettent de vivre. Toute prestation photographique implique en effet un déplacement (souvent avec un matériel lourd et encombrant et des risques de casse ou de vol), du temps de présence dédié à la prise de vue (le•la photographe peut être amené à rester plus longtemps que prévu s’il n’a pas les images qu’il souhaite) et la post-production souvent sous-estimée. 

Le post-traitement 🚧

Même s’il s’agit d’un rapide shooting, on a tendance à oublier la partie immergée de l’iceberg : le temps de post-traitement ! Cette phase est généralement la plus longue et la plus fastidieuse et comprend plusieurs étapes : déchargement des photos, tri, retouche puis export. Je trouve personnellement que la sélection est une étape particulièrement difficile : au-delà d’éliminer les clichés techniquement incorrects, tout l’enjeu est de retranscrire l’histoire et les émotions d’un événement et de valoriser au maximum les sujets. Cela demande de passer en revue des centaines de photos, de la réflexion et de la sensibilité pour faire les bons arbitrages. La retouche, même simple, implique de choisir une ambiance et de faire des essais. D’ailleurs, non, un•e photographe ne livre pas de photos brutes :)

Le matériel 📷

Une prestation photo sérieuse requiert du matériel et des logiciels onéreux : un appareil photo et un ordinateur évidemment, plusieurs objectifs pour faire face à toutes les situations, des flashes, un trépied et autres accessoires, des disques durs (au pluriel, car sachant que chaque fichier brut pèse 20 Mo, autant vous dire que vous êtes vite limit•é•e en stockage)… soit un investissement total de plusieurs milliers d’euros. À cela s’ajoutent des logiciels comme Lightroom et Photoshop qui coûtent environ 140€ par an et l’éventuelle location d’un studio. N’oublions pas également que le matériel s’use, il perd donc de la valeur avec le temps et au fil des prestations.

Précarité et coûts administratifs 📎

On aimerait vivre d’amour et de nouveaux followers mais malheureusement le loyer ne se paie pas encore en likes. De plus, les photographes - en général en freelance - ne bénéficient pas des avantages du statut salarié (retraite, chômage…) et ont une activité et donc un revenu variable (voire saisonnier dans le cas des photographes de mariage) : il doivent donc compenser financièrement leur statut précaire pour anticiper les aléas de la vie. Comme tout entrepreneur, un•e photographe a également des coûts fixes liés à son activité : comptabilité, banque, impôts…. Pour chaque euro facturé, environ la moitié ira réellement dans sa poche.

Comment savoir si la rémunération proposée est juste ? ⚖️

Ces quelques éléments vous ont normalement donné des billes pour estimer les coûts et revenus réels d’un•e photographe. En résumé, si vous proposez 150€ HT pour 4h de shooting et environ une journée de post-production, cela nous amène à 12,50€ de l’heure avant impôts et coûts fixes, tout ça sans aucune sécurité financière. En comparaison, le SMIC horaire brut s’élève à 10,03€.  

Bien sûr, chaque situation est spécifique et il existe des exceptions. Quand on commence, il n’est pas question de facturer comme un•e photographe expérimenté•e. J’ai facturé mes premiers événements 100€, parce que j’avais conscience que mon niveau était amateur, que ce n’était qu’une activité secondaire et en contrepartie, les exigences du client étaient relativement faibles. Mais c’était tout de même du travail et cette rémunération a graduellement augmenté au fil de mes expériences !

Certains projets se font en collaboration : dans ces cas-là, personne ne se paie - ni le•la photographe, ni le modèle, ni le•le maquilleur•se ou styliste et chaque contributeur profite équitablement du résultat du travail collectif (par exemple, utiliser les photos pour alimenter son book). Je fais également des efforts dans certains cas : shootings expérimentaux ou projets associatifs menés par des bénévoles, que je réalise sur mon temps libre. 

Mais si les photos sont dédiées à votre usage personnel, vous servent de support de communication pour votre activité, ou sont réalisées dans le cadre d’un événement au cours duquel vous réalisez des bénéfices (par exemple un concert payant), vous êtes un•e client•e et le•la photographe est un•e fourniss•eur•se. La relation qui vous lie est une transaction commerciale prenant la forme d’une prestation. Si vous pouvez payer la location d’un lieu ou un traiteur, vous devez dégager un budget pour le•la photographe… ou faire des choix. Bref, rémunérer, même un petit peu, est la preuve que vous valorisez son travail. Vous contribuerez ainsi à faire vivre ce beau métier ! :)

Je m’appelle Anne-Sophie Bielawski et je suis photographe freelance à Paris. Je réalise des prestations photo pour les particuliers et entreprises : portrait, événements, mariage, fiançailles… Découvrez mon travail ici et rejoignez ma newsletter pour être tenu•e au courant de mes actus, recevoir les nouveaux articles et photos et d’autres goodies !


6 conseils pour bien choisir son ou sa photographe de mariage

Le choix du photographe est un moment-clef de l’organisation d’un mariage. Les photos sont les seuls souvenirs matériels qui restent de cette journée ! Et pourtant, cette étape est trop souvent négligée, au prix d’une déception à la livraison des photos. Quelques tips pour ne pas se tromper.

1. Explorez et comparez les portfolios pour identifier vos préférences

Ne sélectionnez pas le ou la première venue ! Le ou la photographe doit être capable de raconter l’histoire de votre mariage en harmonie avec votre personnalité et l’ambiance de l’événement. Prenez le temps de demander à vos amis déjà mariés leurs recommandations : qui était leur photographe et en ont-ils été satisfaits ? Cherchez l’inspiration sur des blogs de mariage, Instagram ou Pinterest. Regardez les portfolios et essayez d’analyser les styles de chacun en déterminant ce qui vous plaît et ce qui vous déplaît. Quelle ambiance vous parle le plus : plutôt romantique, bohème, brute ou sophistiquée ? Préférez-vous les clichés pris sur le vif en mode reportage ou les photos plus posées ? Des mises en scène classiques ou originales ? Un style de retouche plutôt pastel ou très contrasté ? Une sensibilité aux détails, une tendance aux plans d’ensemble, aux portraits rapprochés ou un mix de tout ?

2. Vérifiez son niveau d’expertise en photographie de mariage

Vous avez repéré quelques photographes dont vous appréciez le travail ? Génial ! Mais attention, on peut être un excellent photographe de paysage ou de portrait et pas forcément rodé pour un mariage. C’est une discipline spécifique, et surtout très technique : conditions lumineuses contraignantes et changeantes, images incontournables à ne pas rater…  Il faut donc être suffisamment expérimenté pour avoir une maîtrise pointue de son matériel, être capable d’anticiper les moments décisifs et s’adapter aux demandes expresses des mariés ou des invités. Le tout avec le sourire et discrétion ! Pour éviter les déceptions, assurez-vous qu’il ou elle a déjà shooté plusieurs mariages et demandez à voir les images des différentes étapes en fonction de ce que vous prévoyez pour le vôtre : préparatifs, cérémonie dans un lieu de culte, mairie, réception, photos de couple… A t-il ou elle su capter les moments clefs - arrivée de la mariée, échange des alliance, signature des registres, sortie de l’église ? Les photos sont-elles techniquement correctes, c’est-à-dire nettes, bien cadrées, bien exposées ?

3. La qualité a un prix

Vous avez préparé votre shortlist, maintenant vient la question du coût. Le tarif demandé est en principe assez révélateur du niveau d’expérience du ou de la photographe. Il n’y a évidemment pas de règle absolue, mais en considérant la journée entière de prise de vue et les nombreuses heures de travail de post-production comprenant la sélection et la retouche des photos, une prestation à moins de 1000€ n’est en principe pas rentable pour un pro qui met du coeur à l’ouvrage et passera du temps sur votre reportage. Les prix peuvent monter à plus de 2000€ en fonction de la réputation du ou de la photographe, si vous souhaitez des options supplémentaires comme de la vidéo ou un drone, ou si il ou elle est assisté(e) par un second photographe pour obtenir des plans plus variés. Si le ou la photographe n’est pas basé(e) dans la région de votre mariage, n’oubliez pas que vous devrez également le défrayer. Si vous avez un doute sur son statut de professionnel, demandez-lui s’il ou elle a la possibilité de facturer. A vous ensuite de comparer les devis. Il y a bien sûr d’excellents amateurs, tout dépend de vos exigences et de votre budget ! 

4. Mettez-vous d’accord sur les livrables

Partagez en amont un maximum de détails avec votre photographe sur la configuration du lieu, le planning, les conditions lumineuses, les zones auxquelles il ou elle aura accès et où il ou elle pourra se déplacer et vos attentes en termes de clichés (photos de groupe, de couple, avec la famille et les témoins…). Profitez-en pour évoquer son équipement. Si vous souhaitez des photos de nuit ou en intérieur par exemple pendant le dîner et la soirée, assurez-vous qu’il ou elle dispose d’un flash et d’un diffuseur pour faire face à toutes sortes de contraintes lumineuses. Faites le point sur les horaires exacts de présence, la date et le mode de livraison (galerie privée en ligne ? Clef USB ? Tirages papier ?) ainsi que la nature de l’engagement et les conditions de paiement (rédaction d’un contrat ? Versement d’un acompte ?). Gardez en tête que la promesse d’un grand nombre de photos livrées n’est pas un gage de qualité : mieux vaut un reportage synthétique mais soigneusement sélectionné qu’un florilège de photos pléthoriques mais ratées.  

5. Evitez de recruter votre grand-oncle passionné de photo

Il est certainement très compétent et possède sans doute du matériel de qualité, il connaît déjà votre famille, il est sympa et vous n’avez même pas besoin de le payer car il adore rendre service. Oui mais, concentré sur sa mission, il ne pourra pas profiter de l’événement comme les autres invités (ou alors il le fera, au détriment de vos photos !), il risque naturellement de se focaliser sur les personnes qu’il connaît, qui d’ailleurs lui feront la conversation, et - retour au point 2 - il n’est pas forcément rompu à la technique particulière de la photographie de mariage. A vos risques et périls donc !

6. Rencontrez votre photographe avant de vous engager

Après la sélection pragmatique, la validation par l’intuition ! Avoir un bon feeling avec son ou sa photographe est capital. On est rarement détendu devant l’objectif, et il ou elle fera brusquement irruption dans votre intimité le temps de cet événement. Et son oeil d’artiste, sa créativité et sa technique ne seront pas suffisants. Il ou elle vous suivra tout au long de cette journée si spéciale, et devra être capable d’inspirer confiance et de faire preuve d’empathie et d’intelligence émotionnelle pour créer du lien avec les participants, les mettre en valeur et capturer des expressions et des émotions sincères, malgré le stress et les éventuels imprévus. Prenez le temps de faire connaissance et de lui poser toutes vos questions. Voyez si le courant passe. Cette complicité se ressentira sur les photos ! 

Je m’appelle Anne-Sophie Bielawski et je suis photographe freelance à Paris. Je réalise des prestations photo pour les particuliers et entreprises : portrait, événements, mariage, fiançailles… Découvrez mon travail ici et rejoignez ma newsletter pour être tenu•e au courant de mes actus, recevoir les nouveaux articles et photos et d’autres goodies !



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